Séminaire international sur le thème « Pour des prisons sans analphabétisme »

23 novembre 2018

Dans le cadre du programme d’alphabétisation au profit des détenus lancé par la Délégation Générale à l’Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR), un séminaire international a eu lieu mercredi à la prison de Larjate I. Ce séminaire a permis de débattre des bonnes pratiques en matière d’alphabétisation en milieu carcéral et des meilleures approches d’apprentissage afin de garantir la réinsertion sociale pérenne des détenus.

La rencontre a été l’occasion de regards croisés sur les expériences internationales et nationales et sur les réalisations positives enregistrées dans le domaine, comme l’a indiqué M. Mahmoud Abdessamih, Directeur de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Analphabétisme (ANCLA). Le séminaire s’inscrit également dans le cadre d’une action de mobilisation de tous les acteurs, et les partenaires nationaux et internationaux, afin de renforcer et d’améliorer les programmes d’alphabétisation dans les institutions pénitentiaires, en tant que premier pas vers le développement personnel et professionnel des détenus. L’alphabétisation fait ainsi partie du programme de formations professionnelles et qualifiantes appuyé par le PNUD, en partenariat avec la DGAPR, pour favoriser la réinsertion socio-économique des détenus après leur remise en liberté.

Pour le PNUD, la lutte contre l’analphabétisme en prison s’inscrit également dans le cadre plus large de la prévention de l’extrémisme violent et de la promotion de la tolérance. « Apprendre aux détenus à lire et à écrire, c’est respecter un droit fondamental, mais c’est aussi un moyen de promouvoir le civisme, la tolérance, le dialogue et le respect d’autrui - valeurs qui rendent moins perméables aux idéologies extrémistes violentes », a déclaré Mme Martine Thérer, Représentant résident adjointe du PNUD au Maroc.  Dans ce sens, le projet cherche à donner aux détenus un sentiment renouvelé d’appartenance à la société et une vision positive de l’avenir fondée sur la dignité et la tolérance.

Pour le PNUD, donner à ceux qui ont purgé leur peine une deuxième chance de contribuer de manière constructive à la société, c’est répondre à l’engagement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de ne laisser personne de côté.  La lutte contre l’analphabétisme en prison est d’ailleurs en profonde cohérence avec ce programme, en particulier les Objectifs de développement durable n°4 relatifs à l’éducation et n°16 relatif à la paix, à la justice et aux institutions efficaces, comme l’a souligné M. Yassir Benabdallaoui, Conseiller Programme du PNUD au Maroc, lors du panel sur « l’alphabétisation des détenus selon des regards croisés ».

Ce programme d’alphabétisation se veut aussi participatif en permettant à certains détenus d’encadrer des formations. S., une détenue de la prison de Ait Meloul d’Agadir a témoigné lors de ce séminaire avoir pu « bénéficier d’une formation de l’ANLCA avec d’autres détenus afin de lutter contre l'analphabétisme. Cette expérience nous a permis non seulement de pouvoir gérer les cours d'alphabétisation au sein des prisons, mais également de nous aider à voir la vie et notre futur chemin différemment. Nous sommes passés du désespoir à l'optimisme, de la négativité à l'action positive, pour nous engager dans tout ce qui est bénéfique à nous et à la société ». Un point de vue également partagé par H. détenu à la prison centrale de Kenitra qui a indiqué être « entré en prison analphabète, ne savant ni lire ni écrire, mais grâce à cette fameuse initiative de la DGAPR j’ai réussi à sortir de l'obscurité et de l'ignorance et j’accède aux lumières de la science et à l'amour de l'apprentissage ».

Le PNUD Maroc appuie la DGAPR et l’ANLCA dans cet effort d’alphabétisation à travers un financement du programme régional du PNUD Afrique qui permettra d’offrir des formations à plus de 2000 détenus. Comme l’a rappelé Mme Martine Therer, Représentant résident adjointe du PNUD Maroc, « le projet cherche à donner aux détenus un sentiment renouvelé d’appartenance à la société et une vision positive de l’avenir fondée sur la dignité et la tolérance ».